Les nanomédicaments, une médecine d’avenir

Bien qu’en amélioration constante, les traitements conventionnels des cancers (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie) s’avèrent parfois inefficaces pour traiter certains cancers, notamment ceux qui sont en récidive, qui ne font pas l’objet d’un diagnostic suffisamment précoce, les cancers métastatiques ou ceux très agressifs tel que le glioblastome.

Parmi les nouvelles substances thérapeutiques en cours de développement, les nano-médicaments présentent un grand intérêt du fait de leur taille en général comprise entre 1 et 1000 nm qui est proche de celle de nombreuses substances biologiques (protéines, lipides, enzymes, membranes cellulaires…). De ce fait, les interactions entre ces nano-médicaments et ces substances biologiques sont favorisées. Un nombre important de propriétés favorables en découle telles que :

  • Une internalisation favorisée dans les cellules tumorales ;
  • Un ciblage des cellules tumorales qui peut être soit passif par effet EPR (une diffusion des nano-médicaments au travers des trous des vaisseaux sanguins irrigant la tumeur) soit actif en accrochant aux nano-médicaments des substances telles que des anticorps qui vont spécifiquement reconnaitre les récepteurs membranaires des cellules tumorales ;
  • Une diffusion favorisée au travers des vaisseaux sanguins lorsque les nano-médicaments sont rendus furtifs pour éviter qu’ils ne soient capturés par les cellules chargées du ‘’nettoyage’’ de l’organisme telles que les macrophages ;
  • L’assemblage de plusieurs substances actives thérapeutiques, habituellement de plus petites tailles que les nano-médicaments, en un seul bloc, multipliant l’activité thérapeutique.

C’est ainsi qu’un certain nombre de nano-médicaments a été développé et testé chez l’homme menant à une amélioration de l’efficacité thérapeutique et/ou à une diminution de toxicité en comparaison à des médicaments non nanométriques.

En plus de l’avantage lié à leur taille, une autre propriété des nano-médicaments permet d’envisager de toutes nouvelles perspectives en médecine, notamment en oncologie : il s’agit de la possibilité d’activer à la demande ces substances thérapeutiques en les exposant à une source externe d’énergie, tel qu’un champ magnétique. En effet, les traitements actuels tels que la chimiothérapie et la radiothérapie peuvent s’avérer très toxiques. Au-delà du problème lié aux effets secondaires de ces traitements, il s’avère parfois impossible d’utiliser les doses de chimiothérapie et de radiation qui seraient nécessaires pour totalement éradiquer le cancer chez certains patients. C’est ainsi que la médecine actuelle se trouve parfois impuissante à proposer des traitements thérapeutiques adaptés chez certains patients atteints de cancers. Avec une activation à la demande des médicaments, il devient possible d’activer le traitement uniquement lorsque la substance thérapeutique est dans la tumeur, de le réactiver autant de fois que nécessaire jusqu’à destruction de la tumeur et donc potentiellement d’augmenter de manière très substantielle l’efficacité des médicaments tout en réduisant leur toxicité.

Parmi les nano-médicaments activables par une source extérieure d’énergie, on trouve différents types de nanoparticules métalliques, notamment les nanoparticules d’oxyde de fer qui ont été utilisées chez l’homme comme agent de contraste et sont connues pour être relativement peu toxiques. La plupart du temps, ces nanoparticules métalliques sont chauffées localement pour induire une activité anti-tumorale.

De nombreuses publications scientifiques décrivent des résultats anti-tumoraux sur modèle murin (souvent spectaculaires) obtenus avec ces nano-médicaments. Toutefois, très peu de ces substances thérapeutiques sont disponibles en clinique, ce qui peut être attribué au coût très élevé de développement de ces traitements, à une compréhension des mécanismes impliqués dans l’activité anti-tumorale encore faible du fait de l’extrême complexité des phénomènes résultant de l’activation de systèmes nanoparticulaires dans l’organisme, et enfin de l’inexistence d’une réglementation spécifique pour les nano-médicaments.

Voici un certain nombre de nano-médicaments en cours de développement ou déjà sur le marché.